Les textiles thermiques haute température sont des alliés discrets, mais essentiels dans l’industrie. Ils assurent à la fois la protection thermique, l’isolation, la sécurité des opérateurs et la longévité des équipements. Grâce à leur légèreté, leur souplesse et leurs performances d’isolation liées à l’inclusion d’air dans la structure (notamment dans les feutres et certaines mailles), ils représentent une alternative efficace aux solutions rigides comme les panneaux réfractaires ou aluminisés.
Mais face à la diversité des fibres (verre E, silice, aramide, inox, céramique, PBO…) et des technologies (tissage, tressage, tricotage, aiguilletage), comment choisir le bon matériau textile thermique pour votre application ? Nous vous proposons un guide en 4 étapes clés, avec des critères concrets et des exemples industriels.

Étape 1 : Définir l’application industrielle du textile thermique
En fonction de la problématique industrielle à laquelle vous êtes confronté, de nombreuses solutions sont disponibles sur le marché. Des matériaux rigides aux solutions souples telles que le textile, il n’y a jamais de solution universelle. En revanche, il y a des solutions qui représentent un compromis efficace pour répondre aux contraintes de température.
La première question à vous poser est donc : quel est le rôle attendu du matériau textile ?
- Protection passive de contact : protection de câbles, manchons, rideaux de soudure, écrans thermiques, joint haute température…
- Composant de process : convoyage, joints, appuis pour produits chauds…
- Optimisation énergétique : réduction des pertes de chaleur, isolation d’équipements, étanchéité.
- Composant de solution confectionnée complexe : calorifugeage, protection-feu, matière première dans un siège ou une cloison…
Il n’existe pas de solution universelle : il faut définir si l’objectif est la sécurité, la productivité ou la longévité des équipements.
Étape 2 : Identifier les caractéristiques thermiques : température, durée et dynamique
La température est le paramètre déterminant. Deux critères doivent être pris en compte :
- La température maximale en continu (tenue permanente)
- La température de pointe (pics courts de quelques secondes ou minutes)
Ces deux informations sont importantes pour vous permettre d’éliminer un certain nombre de solutions rapidement.
Quelques exemples industriels :
- Dans le domaine verrier, il n’est pas recommandé d’utiliser des produits textiles ne résistant pas à au moins 400 °C pendant deux minutes. C’est pourquoi l’industrie du verre privilégie depuis quelques années des solutions à base de fibres d’Inox résistant à 550 °C en conservant un contact doux pour les bouteilles en sortie de four.
- Dans un environnement de 100 °C permanent, un textile en verre E est suffisant et bien plus économique qu’une fibre haut de gamme comme la silice ou le PBO.
À retenir : un textile standard peut résister jusqu’à 1 200 °C en pic (cas des fibres céramiques), mais il faut toujours vérifier si cette performance est en continu ou ponctuelle, sur quelle durée et sous quelles conditions atmosphériques.

Étape 3 : Choisir la bonne fibre technique haute température
Les fibres textiles thermiques se classent en deux grandes familles :
Les fibres synthétiques
Ces fibres sont issues de dérivés pétrochimiques transformés (aramides, modacryliques, Preox…).
- Résistance thermique : entre 100 °C à 400 °C en continu
- Excellentes performances mécaniques
- Utilisées pour les EPI (gants, vêtements), certaines gaines ou comme solution de convoyage.
Les fibres inorganiques
Elles sont issues de minéraux, métaux ou céramiques (verre E, verre HT, silice, inox, céramique).
- Verre E : jusqu’à 550 °C en pointe, économique.
- Verre HT/silice : 800 à 1 000 °C.
- Inox : 550 °C en continu, bonne résistance mécanique.
- Céramique : jusqu’à 1 200 °C, mais cassante et coûteuse.
Facteur économique et environnemental pour choisir une fibre HT
Le prix reste un facteur essentiel dans les choix réalisés par les industriels. Si une fibre résiste à une très haute température, mais que son coût total d’acquisition (TCO : total cost of acquisition) est trop élevé, il est évident qu’une autre solution s’imposera.
Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’une nouvelle offre apparaît sur le marché avec des fibres techniques recyclées permettant de répondre à ces nouveaux enjeux économiques et environnementaux.
4. Comprendre les technologies textiles dans les textiles techniques
Les solutions techniques que vous trouvez sur le marché sont un reflet des différentes technologies développées par l’industrie textile au cours de son histoire pour offrir des produits plus résistants, plus légers et plus versatiles.
En résumé, l’industrie textile propose 4 grandes technologies :
- Le tissage : excellente résistance mécanique, stabilité dimensionnelle.
- Le tressage : grande flexibilité, idéal pour les gaines et joints HT.
- Le tricotage : forte souplesse, absorption des chocs thermiques.
- L’aiguilletage (feutre) : bonne isolation grâce à l’air emprisonné, perméabilité adaptée à certaines applications.
Chaque technologie a été poussée et développée par les fabricants afin d’offrir des produits répondant à une grande partie des contraintes industrielles. Chaque technologie a des avantages spécifiques répondant à des besoins particuliers.
Si vous avez besoin de résistance mécanique, vous pourrez vous diriger vers du tissage ou du tressage. Si vous avez besoin de souplesse, le tricotage peut être une solution pertinente.
Enfin, si vous recherchez une solution réunissant une bonne résistance à la température avec une bonne perméabilité, vous pouvez vous diriger vers un feutre aiguilleté.
Conclusion : une approche globale
Le choix d’un textile haute température doit se faire en croisant :
- l’application industrielle,
- la température réelle (continu + pic),
- la fibre adaptée,
- la technologie textile la plus pertinente.
Une analyse globale permet d’optimiser à la fois la sécurité, la productivité et le coût total.
