Mesurer une bande transporteuse peut sembler une tâche élémentaire : il suffirait de noter une longueur et une largeur pour commander une nouvelle pièce. Mais en réalité, la précision de cette mesure est bien plus complexe. Une bande transporteuse en textile est un élément « vivant » : elle s’allonge, se contracte, réagit à la tension appliquée et aux conditions de son environnement. Sa composition textile influence directement ces variations.

Une mesure approximative peut entraîner des conséquences coûteuses : difficultés de montage, usure prématurée, arrêts de production. Pour éviter ces écueils, il est essentiel de connaître les méthodes de mesure existantes et de comprendre comment la nature textile influe sur la longueur réelle d’une bande. Ce guide propose une approche complète, mêlant pratique de terrain et explications techniques, pour mesurer avec justesse une bande transporteuse.

 

Comprendre la structure d’une bande transporteuse

L’armature textile

La partie centrale de la bande, appelée armature ou structure interne, est généralement composée de fibres textiles telles que le polyester, le polyamide, la fibre de verre ou l’aramide, tissées ou tricotées. Ce sont ces fibres qui assurent la résistance mécanique et conditionnent l’allongement.

Le choix du textile conditionne donc directement l’allongement de la bande. Un comparatif des fibres met en évidence ces différences et aide à anticiper la conversion entre longueur installée et longueur de fabrication.

Par exemple, une armature en polyester/polyamide présente une certaine élasticité, tandis qu’une armature en aramide, plus rigide, garantit une stabilité dimensionnelle supérieure. Le choix du textile dépend donc de l’application et doit être pris en compte dès la phase de mesure et de fabrication.

Bande de transport pour l’industrie du verre et de l'aluminium en mélange de fibre PBO et aramide

Le revêtement

Au textile peut s’ajouter un revêtement de surface (caoutchouc, silicone, PTFE, etc.), destiné à protéger l’armature et à répondre aux conditions de service (résistance à l’abrasion, tenue thermique, compatibilité chimique). L’épaisseur de ce revêtement doit être intégrée dans la mesure totale de la bande.

 

Pourquoi une mesure précise d’une bande de convoyage est-elle essentielle ?

Une bande trop longue ou trop courte pose des problèmes immédiats :

  • Montage impossible si la bande ne peut pas être fermée correctement,
  • Tension excessive qui surcharge les roulements et provoque une usure accélérée,
  • Glissement sur les poulies en cas de tension trop faible,
  • Arrêts de production et surcoûts logistiques en cas de défaut trop important.

Au-delà de la simple longueur, la mesure doit aussi prendre en compte la largeur utile, l’épaisseur totale et surtout l’allongement du textile sous tension. C’est ce dernier point qui distingue un bon calcul de longueur de bande d’un mauvais calcul.

 

Méthodes de mesure d’une bande transporteuse

Mesure à plat (bande déposée)

Lorsque la bande est retirée du convoyeur, la méthode la plus intuitive consiste à l’étaler sur une surface plane et à mesurer sa longueur de bout en bout.

  • Atout : simplicité et rapidité.
  • Limite : une bande ayant déjà travaillé peut être déformée, ce qui fausse la mesure réelle.

Vous pouvez aussi regarder les factures ou demander à votre fournisseur la longueur initiale de la bande commandée, avant déformation.

Mesure sur convoyeur (méthode du marquage-rotation)

Quand la bande est en place, on peut marquer un point de référence, faire tourner le convoyeur jusqu’à retrouver ce point, puis mesurer la distance parcourue. Cette méthode, dite de la circonférence de pas, a l’avantage d’intégrer l’allongement lié à la tension de pose.

Calcul par formule (cas à deux poulies)

Formule pour calculer la longueur d’une bande transporteuse entre deux poulies — source Gram Conveyor

Lorsque l’on connaît l’entraxe entre poulies et leurs diamètres, il est possible d’utiliser une des formules suivantes :

Dans le cas de deux poulies de même taille : 

L = 2C + π(D + d)/2

Dans le cas d’une poulie plus grande que l’autre : 

L = 2C + π(D + d)/2 + (D − d)²/(4C)

où :

  • L = longueur de la bande,
  • C = distance entre centres,
  • D = diamètre de la poulie motrice,
  • d = diamètre de la poulie réceptrice.

Cette approche est couramment utilisée lors de la conception ou pour vérifier une mesure terrain.

Il existe d’autres formules en fonction du nombre de poulies de votre convoyeur. N’hésitez pas à nous contacter si vous avez un besoin plus spécifique.

Estimation sans bande

En l’absence de bande, on peut reproduire le chemin de roulement avec un fil ou un mètre ruban et ainsi estimer la circonférence interne. Cette méthode reste approximative, mais peut dépanner en cas de remplacement urgent.

 

Intégrer tension et allongement textile

Comprendre l’allongement à 1 %

Le comportement mécanique d’une bande textile est caractérisé par son allongement. Le paramètre de référence est l’allongement à 1 %, exprimé en N/mm. Il indique la force nécessaire pour allonger la bande de 1 % par rapport à sa longueur initiale.

Un textile « souple » (polyester/polyamide) se déforme davantage qu’un textile « rigide » (aramide). Cette donnée est essentielle pour anticiper la variation de longueur entre l’état détendu et l’état installé.

Le rôle de la tension de pose

La tension de pose est la force appliquée lors de l’installation de la bande pour assurer son adhérence sur les poulies. Si elle est trop faible, la bande glisse ; si elle est trop forte, le textile s’allonge de manière irréversible ou la bande casse à la jonction. 

Les recommandations industrielles situent cette tension entre 0,1 % et 0,5 % de la longueur totale (source Tanals), bien qu’il n’y ait pas de valeurs exactes pour les matériaux haute température.

Bandes transporteuse qui convoie des pièces à l'intérieur d'un four

Conversion longueur installée → longueur de fabrication

La longueur mesurée sur le convoyeur correspond à une bande déjà sous tension. Pour commander une bande neuve, il faut convertir cette valeur en longueur de fabrication.

Exemple chiffré :

Un convoyeur présente une longueur installée de 10 050 mm. L’armature prévue est en polyester avec un allongement de 0,3 %.

  • Longueur mesurée = 10 050 mm
  • Correction = 10 050 × 0,3 % ≈ 30 mm
  • Longueur de fabrication = 10 020 mm

Cette correction, apparemment minime, conditionne en réalité la réussite du montage et la durée de vie du système.

 

Largeur, épaisseur, angle d’enroulement et paramètres environnementaux : des paramètres à ne pas négliger

Bien qu’elle n’ait pas d’incidence directe sur le calcul, la largeur de la bande doit être adaptée au convoyeur, en distinguant la largeur utile de la largeur totale. 

L’épaisseur dépend du nombre de plis (couches) textiles et de la nature du revêtement. Elle a une importance directe sur le calcul puisqu’elle peut influencer la mesure du diamètre des poulies. 

L’angle d’enroulement peut avoir une influence sur le calcul de la longueur en modifiant le diamètre effectif des poulies. 

Les paramètres environnementaux peuvent eux aussi influencer le calcul, en particulier dans le milieu des hautes températures où les matériaux sont souvent sujets à un rétrécissement en fonction de la température d’application et de la température de pointe de votre installation. 

 

Vérification et suivi en maintenance

Une fois la bande installée, il est recommandé de :

  • vérifier l’allongement réel par des repères tracés,
  • contrôler régulièrement la tension de pose,
  • utiliser des outils de mesure étalonnés et de précision,
  • surveiller l’impact de la température et de l’humidité sur la longueur.

Un suivi rigoureux et une surveillance active de l’état de la courroie permettent de prévenir les défaillances et de prolonger la durée de service de la bande.

 

Erreurs fréquentes à éviter

  1. Oublier le système de tension : la position minimale et maximale du tendeur doit être intégrée dans le calcul.
  2. Mesurer une bande trop tendue : cela conduit à commander une bande trop longue.
  3. Négliger l’allongement textile : une erreur courante qui se traduit par des problèmes de montage dès la réception.
  4. Mesure inexacte des diamètres des poulies et de la distance centre à centre : cela va fausser vos calculs de longueur de bande.
  5. Oublier de tenir compte de la charge du convoyeur : qui aura pourtant une incidence directe sur la tension appliquée sur la bande et donc sa longueur.

Conclusion

Mesurer une bande transporteuse ne se résume pas à relever deux dimensions. Il faut :

  • choisir la méthode adaptée (mesure directe, rotation, calcul),
  • intégrer l’allongement textile et la tension de pose,
  • vérifier largeur, épaisseur et revêtement,
  • contrôler régulièrement la bande après installation.

Une approche rigoureuse, intégrant les propriétés des textiles techniques, garantit la fiabilité et la durabilité du convoyeur. Pour aller plus loin, consultez nos pages dédiées aux fibres techniques ou contactez directement Ferlam Technologies pour bénéficier d’un accompagnement expert.